Enquète sur les diffErentes techniques

DE RECONSTRUCTION DU LCA

PRATIQUEES PAR LES MEMBRES DE LA SFA

(Comparaisons avec lenquete de 1994)

A. FRANK

Clinique Labrouste, Paris

 

 

 

Face aux ruptures du LCA, les attitudes thérapeutiques proposées ont longtemps été nombreuses et variées. Si un consensus parfait est loin d'être atteint, les divergences ne sont plus fondamentales. La plupart des auteurs s'accordent pour utiliser une autogreffe en position anatomique. Néanmoins, certaines questions restent posées concernant le type de greffe à utiliser comme en témoigne l'abondante littérature sur ce sujet. Le Tendon Rotulien a fait ses preuves et a longtemps été considéré comme le " Golden Standard ". Quen est-il actuellement ? Après près de 20 ans de bons et loyaux services doit-il être remplacé par les tendons de la patte doie ? Quand et pourquoi ?

Pour préparer ce symposium il nous est apparu nécessaire de faire le point sur les différentes greffes utilisées. Bien entendu cette enquête ne reflète que l'attitude thérapeutique des membres de la SFA, population de chirurgiens sélectionnés non représentatifs de l'ensemble de l'orthopédie française. Les résultats sont donc biaisés. 53 chirurgiens ont répondu à cette enquête contre 130 en 1994

 

 

 

TRANSPLANT

 

Le tendon rotulien est le transplant qui reste de loin le plus utilisé essentiellement sous la forme d'un transplant os-tendon-os (79 % contre 86 % en 1994). (Fig.1).

Les tendons de la patte d’oie sont encore peu utilisés malgré l’abondante littérature récente prônant leur utilisation pour pallier les inconvénients du prélèvement du tendon rotulien. Néanmoins leur utilisation est en nette progression et ils semblent représenter actuellement la seule alternative fiable au tendon rotulien.

 

Plus des trois quart des chirurgiens utilisent, de façon quasi systématique (95 %), soit l’une soit l’autre des 2 techniques (Fig.2). L’interprétation de ces chiffres est assez difficile ; Les partisans de l’utilisation du DIDT sont-ils suffisamment convaincus de la qualité de ce transplant pour ne plus utiliser que lui ? Les partisans du KJ sont-ils convaincus de la meilleure qualité du tendon rotulien et de sa fixation ou craignent-ils l’apprentissage d’une nouvelle technique ?

Néanmoins près d’un quart des opérateurs a une attitude intéressante puisqu’ils choisissent l’une ou l’autre des 2 techniques en fonction d’indications qu’il nous faut essayer de préciser.

 

 

 

 

 

ARTHOSCOPIE OU CHIRURGIE ?

Globalement, 94 % (contre 68 % en 1994) de la totalité des reconstructions du LCA sont pratiquées sous arthroscopie et, dans ce cas, le tunnel fémoral est pratiqué de dedans en dehors par l’immense majorité (94 %) (Fig.3). Le tunnel borgne est réalisé plus souvent par la voie tibiale que par la voie instrumentale inféro-interne (70 % contre 20 %). Les 6 % restants pratiquent leur tunnel fémoral de dehors en dedans.

 

 

 

FIXATION

 

La fixation fémorale du transplant (Fig.4) semble discutée essentiellement en cas d’utilisation d’un transplant tendineux pur (DIDT). En effet, les moyens de fixation utilisés sont divers et ne font pas l’unanimité. Une simple vis d’interférence semble satisfaire la majorité puisque, dans cette enquête, elle est utilisée seule par 59 % des chirurgiens interrogés. Les autres ne lui font pas entièrement confiance et préfèrent y associer un 2e ancrage par fils sur vis ou agrafe ou utiliser un système transversal type Transfix (25 %). Le transplant os-tendon-os ne semble pas susciter de telles interrogations puisqu’il est fixé par vis d’interférence dans 96% des cas. Dans ce cas les vis résorbables sont les plus utilisées (à titre systématique pour plus de la moitié) mais 1/3 des chirurgiens déterminent leur choix entre vis résorbable ou vis métallique en fonction de la situation locale.

De même en ce qui concerne la fixation tibiale (Fig.5), si 100% des fixations du transplant os-tendon-os se font par vis d’interférence, la fixation d’un transplant tendineux semble plus discutée bien que la vis d’interférence soit le moyen le plus utilisé (75%). Un système plus solide par vis d’interférence associée à un fil arrimé sur une vis (ou agrafe) est préféré par 20 % des opérateurs.

 

 

PLASTIE EXTERNE

1) Associée à un transplant intra-articulaire

La plastie externe n’est plus jamais associée à titre systématique et pour ceux qui utilisent parfois cette plastie associée (47 %) l’indication n’est portée, en moyenne, que dans un cas sur 4 (Fig.6). 53 % contre 36 % en 1994 n’associent plus jamais de plastie externe à leur plastie intra-articulaire.

2) Isolée

La plastie type Lemaire isolée n'est plus jamais utilisée à titre systématique (Fig.7). Elle est parfois mais rarement utilisée (17 %) dans certaines indications et ne représente alors jamais plus d'une indication sur 10 cas. En 1994 elle était parfois pratiquée par 1/3 des opérateurs pour des indications pouvant toucher 1 cas sur 4 pour certains.

 

 

 

 

 

 

LES SUITES POST-OPERATOIRES

 

1) Centre de rééducation :

1 praticien sur 5 n'adresse jamais ses opérés à un Centre de Rééducation. Inversement 2 % y font systématiquement appel. Dans l’immense majorité (83 %) des cas la demande de centre n’est faite que dans moins d’un cas sur trois (31 %).

2) Attelle post-opératoire, cannes, appui, flessum :

3) La reprise sportive :

Les sports de pivot sont rarement autorisés avant six mois (4 %) (Fig.10). Sommes nous plus prudents qu’en 1994 où 12 % d’entre nous autorisions la reprise avant 6 mois ? Globalement la reprise de tous les sports est autorisée vers le 8e mois soit environ 1 mois en moyenne avant par rapport à 1994. La différence néanmoins n’est pas significative.

 

 

 

 

 

 

En conclusion,

- l'auto-transplant libre os-tendon-os (KJ) est encore à ce jour le plus souvent utilisé (79 %). Le choix des tendons de la patte d’oie (DIDT) est en augmentation et doit être considéré de plus en plus comme l’alternative à l’utilisation du tendon rotulien (20 %).

Les indications respectives du choix de l’un ou l’autre transplant sont encore à préciser.